JobyPepper, le job étudiant à la journée

William et Yann se sont rencontrés en école de commerce, à l'ESC Dijon. Après avoir fini un master en Suède, Yann a commencé à travailler dans un fond d'investissements à Hong-Kong, tandis que William était en VIE à Munich. C'est lors d'un week-end retrouvailles que les 2 amis parlent entrepreneuriat... Jusqu'où jour où ils décident de tout quitter pour lancer JobyPepper, une plateforme permettant aux étudiants de financer leur quotidien grâce à des jobs temporaires adaptés à leurs emplois du temps.

Yann a accepté de répondre à nos questions et nous dévoilent les coulisses de sa start-up.

Comment est né JobyPepper ? L’idée de JobyPepper m’est venue quand j’étais à Hong-Kong. Le week-end, je tournais souvent en rond dans mon appartement à ne rien faire. Je me disais qu’il était vraiment dommage que je ne puisse pas mettre ce temps à profit pour gagner un peu d’argent, en allant faire du Babysitting, donner un coup de main aux restaurants et magasins de la rue…

Quelques semaines plus tard, je suis allé rendre visite à William à Munich pour l’Oktoberfest. Dans sa chambre, il avait un grand tableau avec pleins de post-it où il avait écrit des idées d’entreprises. J’ai donc compris qu’il souhaitait également se lancer dans le grand bain de l’entrepreneuriat. Je suis rentré à Hong-Kong et nous avons commencé à discuter à distance. Jusqu’au jour où l’on s’est dit « on arrête nos activités respectives, on rentre en France et on monte notre startup ! ».

Quel est votre concept ? Nous permettons aux étudiants d’aller donner des coups de main de quelques heures aux entreprises. Sur notre plateforme, les étudiants ont accès à des dizaines de missions simples (street marketing, actions commerciales, préparation de commandes, logistique et bien d’autres encore) allant de 1 heure à 10 heures. Nous souhaitons développer le travail à la demande, pour permettre aux étudiants de financer leur quotidien avec flexibilité sans impacter leurs études. Notre service permet également aux entreprises de sous traiter des tâches en quelques clics, sans engagement et sans démarches administratives.

Quel statut avez-vous choisi et pourquoi ? Nous avons créé une SAS. C’est un statut adapté aux startups. Il est très flexible et permet notamment de simplifier les levées de fonds, les ajouts d’associés et ne nécessite pas un gros investissement de départ.

Quelles ont été les différentes étapes de création de JobyPepper ?

Janvier 2016 : commencement et idée de base

Notre problématique de départ est liée à la cible étudiante. Notre projet porte des valeurs fortes : nous souhaitons aider les étudiants face à la précarité et les inégalités sociales. Au début, nous proposions aux étudiants de se rendre des services entre eux (location de machines à laver, cours particulier, ménage, etc). Nous avons testé ce concept quelques semaines et réalisé nous même des services pour lancer le concept. Tout se passait bien.

Mars 2016 : retours et pivot

Le problème que l’on a rencontré était lié au fait que les étudiants ne s’indemnisaient pas. On répondait à un besoin mais pas celui lié au besoin d’argent de poche des étudiants. Notre business model n’était donc pas viable. Nous avons donc fait le choix d'orienter notre model vers du B to B dans le but d’apporter une nouvelle solution aux entreprises pour sous traiter des tâches bien spécifiques et annexes.

Avril 2016 : études et mise en place du nouveau concept

Après plusieurs semaines de recherche et d'analyse du fonctionnement des CDD et du travail temporaire, nous avons découvert le statut auto-entrepreneur, qui était parfait pour notre modèle. Nous avons donc créé le job à la demande pour tous les étudiants en s’appuyant sur le modèle de freelance.

Juin 2016 : beta test produit, premières inscriptions, premiers utilisateurs, premiers clients

Septembre 2016 : création officielle de l’entreprise, lancement de JobyPepper et premiers financements !

Justement, quels ont été vos besoins d’investissements financiers et comment y avez-vous répondu ?

Nous avons immatriculé l’entreprise avec 1'000€ à défaut d’avoir plus d’économies personnelles. Nos premiers financements ont été liés aux différents concours que nous avons gagnés, à savoir les concours ALTERN'UP, Pépite Bourgogne-Franche Comté où nous avons été lauréats, et GPBAC 2017. Ces différents concours nous ont non seulement permis de récolter entre 10 et 20'000€, mais cela a également été l'occasion de challenger et de faire grandir notre projet. Par la suite, 4 investisseurs privés nous ont accordé leur confiance, ce qui nous a aidé à structurer notre organisation et nos équipes. Nous avons également obtenu la bourse French Tech de la BPI Lyon.

Quel est votre business model ? Le service est totalement gratuit pour les étudiants. Sur notre plateforme, les étudiants ont la liberté de choisir leurs rémunérations en totale indépendance. Nous ajoutons une commission à ces rémunérations, payée par l’entreprise.

Qui sont vos principaux concurrents et comment vous différenciez-vous ? Le travail indépendant est en plein développement et de nombreuses plateformes de jobs voient le jour. Néanmoins nous sommes les seuls à être sur le créneaux des missions simples de moins d’une journée au travers d’une marketplace où les étudiants fixent leur prix en totale indépendance et où les entreprises choisissent eux mêmes leurs prestataires. Notre objectif est de permettre à n’importe quel étudiant du cycle supérieur de financer son quotidien par de petits boulots.

Comment avez-vous créé votre site internet ? Nous avons compris dès le départ qu’il était primordial d’avoir les équipes techniques en interne. Comme énormément de startupers nous avons cherché pendant longtemps notre CTO. Pendant cette période, nous avons bricolé un site qui nous permettait de générer des inscriptions et nous faisions les mises en relation par e-mail, sms et téléphone. Puis nous avons rencontré Alain, développeur senior avec beaucoup d’expériences. Je lui ai envoyé un message sur Facebook en lui expliquant notre projet et notre situation. On s’est appelé, le contact est tout de suite super bien passé. On s’est rencontré le lendemain et 2 jours plus tard, il avait rejoint l’aventure. Avec l’aide de stagiaires, ils ont développé la plateforme www.jobypepper.com.

Avez-vous été accompagné, à un moment donné, par une structure externe (ou une personne) pour la mise en place de votre projet ? Dès que j’ai su que je voulais créer une start-up, j'en ai parlé à un ami entrepreneur qui m'a vivement conseillé de m’entourer de Mentors, ce que nous avons fait. Nous sommes accompagnés par plusieurs entrepreneurs ayant des expériences diverses. Nous sommes également passés par l’incubateur de notre école « The Entrepreneurial Garden », puis nous avons intégré l’incubateur de l’EM Lyon. Pour le développement d’une idée en une entreprise viable, il est très important de s’entourer de personnes ayant des expertises et expériences différentes.

Qu'est-ce qui a été le plus difficile jusqu'à maintenant ? Nous étions 3 co-fondateurs au début, Romain, William et moi-même. Romain a malheureusement du quitter petit à petit l’aventure pour des raisons personnelles. Notre motivation et envie de réussir sont aujourd’hui décuplées par cet événement. Nous avons hâte qu’il réintègre un jour l’aventure que l’on a commencé ensemble.

Qu’est-ce qui te stimule le plus dans l’entrepreneuriat ? Le fait de partir d’une feuille blanche, de prendre son stylo et de commencer à écrire l’histoire de son projet. Puis de le voir avancer jour après jour.

Quels conseils pratiques donnerais-tu à ceux souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat ? Pour commencer, l’idée de départ importe peu. Cette idée va probablement changer rapidement mais elle doit vous permettre de fédérer une équipe. C’est cette équipe qui va faire que vous allez avancer dans votre projet entrepreneurial. Dès que votre idée est en place, parlez-en à tout le monde. Vraiment tout le monde. Vous allez rencontrer de nouvelles personnes, certaines d’entre elles vont vous aider à aller plus loin et vont vous ouvrir beaucoup de portes. N’oubliez pas vos proches, même si leurs avis ne comptent pas (votre mère vous dira tout le temps que votre idée est géniale), vous avez besoin de retours positifs réguliers. C’est ce qui vous permet de continuer à avancer même dans les moments où vous n’y croyez plus (et il va y en avoir beaucoup).