Les 3Dandies, création et personnalisation de chocolats 3D
- Myriam Rachid
- 6 avr. 2017
- 6 min de lecture
Avis aux amateurs de chocolats, cette découverte va vous plaire ! On vous présente aujourd'hui Les 3Dandies, la chocolaterie 3.0 qui va révolutionner vos coffrets et tablettes de chocolats. En effet, les co-fondateurs, Thibaut Saras, Olivier Meunier et Edouard Bonissol, ont imaginé un concept innovant de chocolats 3D permettant de concevoir des chocolats uniques et personnalisés. Ils souhaitent ainsi réinventer les standards de la chocolaterie et proposent des produits savoureux et surprenants aussi bien par leur goût que par leur forme. Rencontre avec Thibaut qui nous explique comment le projet est passé du stade "idée" au stade "startup".

Comment est née l'idée d’une start-up dans l’impression 3D de chocolats ?
Cela faisait quelque temps que je voulais créer une société en mêlant l’alimentaire et l’impression 3D, secteur auquel je m’intéresse depuis facilement 7 ans. L’alimentation est un domaine encore naissant dans l’impression 3D et cela m’intriguait d’avoir la possibilité d’associer la technologie à l’alimentaire.
C’est en 2015, lors d’un voyage en Chine, que j’ai eu mon idée... Les chinois sont friands de pâtisseries et confiseries à l’effigie de personnages animés, on en trouve de toutes les formes et cela m’a inspiré. En effet, j’ai pensé qu’il serait intéressant d’exploiter le secteur chocolatier qui est finalement plutôt monotone et auquel j’ai voulu apporter un peu de fantaisie… qu’il y ait non seulement le goût mais également le visuel qui marquent les esprits. L’impression 3D s’est alors imposée comme une évidence !
Pourquoi s’être spécialisé dans le chocolat ?
L’idée d’origine n’était pas de se spécialiser dans le chocolat mais de créer une chocolaterie-pâtisserie 3D. En étudiant les possibilités techniques, on s’est vite rendu compte qu’il n’y avait qu’avec le chocolat que l’on pouvait avoir de vraies possibilités de personnalisation 3D. Le chocolat se met en forme facilement, c’est un matériau délicat, noble, difficile à travailler mais avec lequel on peut faire des assemblages vraiment intéressants.
Quel est votre positionnement ?
Choisir notre positionnement n’a pas été simple. Nous sommes sur une offre qui n’existait pas auparavant donc finalement notre positionnement nous l’établissons encore aujourd’hui, il y a sans arrêt des réajustements à faire que ce soit en termes de positionnement, de canaux de distribution, de pricing etc. Quand tu proposes un nouveau produit ou service, il est très difficile d’établir un pricing qui ne changera pas. En ce qui nous concerne, nous nous positionnons sur du haut de gamme mais nous avons dû réévaluer notre prix à la baisse car nous ne bénéficions pas encore d’une forte image de marque. Quand tu es sur un produit dit luxe, même si la qualité est au rendez-vous, il y a généralement un grand écart entre la valeur réelle de ton produit et sa valeur perçue par le public. Cet écart c’est ton image de marque et le sens que tu donnes au produit qui le crée. Notre challenge aujourd’hui, c’est donc de faire en sorte que la valeur perçue de nos produits dépasse leur valeur réelle, et pour cela nous devons travailler notre image de marque et développer notre notoriété.

Quel statut avez-vous choisi ?
Nous avons créé une SAS. Ce statut facilite l’entrée et la sortie d’investisseurs au capital, les procédures sont simplifiées et pour lever des fonds c’est la meilleure option.
Quelles ont été les différentes étapes avant de lancer Les 3Dandies ?
Lorsque je suis rentrée de Chine, j’ai intégré un M2 « Entrepreneuriat et Innovation » à Skema Business School, durant lequel j’ai eu l’opportunité de développer ce projet. Avec mes associés nous avons donc fait notre business plan que nous avons présenté en mars 2016 devant un jury pour pouvoir rejoindre l’incubateur de Skema. Durant les mois qui ont suivi, nous avons continué à travailler sur notre business plan qui nous a demandé des réajustements constants. Nous avons également effectué de nombreux tests produits sur des imprimantes 3D chocolat et sur des imprimantes 3D classique. Puis, en septembre, nous nous sommes installés à Paris pour lancer notre projet. Nous avons fait un concours entrepreneurial organisé par la Fondation Skema Alumni et sur 30 projets nous avons fini lauréat du concours, ce qui nous a permis d’obtenir une dotation de 8 000 €. Nous avons alors acheté 3 machines : 1 fin septembre (imprimante chocolat), 1 en novembre (imprimante en plastique PLA) et 1 en janvier (imprimante résine).
En parallèle de tout ça, nous travaillions avec un partenaire pour l’élaboration de notre site internet.
Comment as-tu constitué ton équipe et quelles sont vos compétences ?
Nous sommes 3 associés : Olivier, Edouard et moi-même. Nous nous sommes rencontrés en école de commerce et nous avons commencé à nous investir dans la création de notre start-up en septembre 2015.
Edouard est notre expert culinaire, il accompagne Marie, notre Chef Chocolatier, dans la composition de nos produits. Il a également des compétences en digital qui nous ont beaucoup aidé pour le développement de notre site web. Olivier, lui, travaille sur les aspects financiers et commerciaux. Et quant à moi, je m’occupe de tout le processus de création 3D et j’aide Olivier sur la partie commerciale.
L’idéal aurait été d’avoir un associé chocolatier mais, malgré de nombreuses recherches, nous n’en avons trouvé aucun intéressé par l’entrepreneuriat.

Comment avez-vous financé votre activité jusqu’à maintenant ?
A nous 3, nous avons fait un apport personnel de 24 000 € auxquels se sont ajoutés notre dotation de 8 000€ obtenue au concours Fondation Skema Alumni et un emprunt de 30 000€ obtenu en janvier. Cet argent nous a permis de financer la commande des premiers équipements pour la confection de nos produits, les frais juridiques et administratifs pour la création de la société (statuts, pacte d’associés, immatriculation au RCS etc.), le salaire mensuel de notre chocolatière (smic), le local dans lequel nous travaillons depuis décembre (2 000€/mois) et la création de notre site internet (2 000€).
Nous comptons faire une nouvelle demande d’emprunt qui nous permettra de racheter des équipements pour développer de nouveaux produits, développer une campagne de communication et refaire notre site internet.
Et en terme de rémunération ?
Aujourd'hui nous ne pouvons pas encore nous payer pas mais nous prévoyons de nous verser un salaire minimum à partir de septembre 2017, si tout va bien…
Comment avez-vous développé votre identité visuelle ?
Nous avons commencé à travailler avec des partenaires qui n’ont pas été très honnêtes avec nous puisque nous nous sommes rendus compte, après livraison de leur prestation, qu’ils avaient plagié les designs qu’ils nous proposaient. Nous avons donc évidemment arrêté notre collaboration et nous avons trouvé une agence web qui nous proposait de nous faire notre site internet pour 2 000€. Cela leur a pris 3 mois et nous ne sommes pas vraiment satisfaits de notre collaboration : manque de réactivité, la moindre modification est payante et le résultat ne correspond pas tout à fait à ce que nous espérions. Pour le reste, nous avons travaillé avec un freelance qui a fait nos packagings et a développé notre identité visuelle.

Quels sont vos axes de développement ?
Nous travaillons actuellement sur une gamme de tablette de chocolat sur le thème « Paris » destinée à la fois aux parisiens et aux touristes. Nous souhaitons être référencé chez Colette, au Bon Marché, dans les épiceries fines haut de gamme etc. Aujourd’hui, nous avons le privilège de travailler avec des gros clients comme le Printemps ou encore Dassault et nous avons d’autres beaux contrats en cours de négociation donc nous sommes ravis.
Nous développons également en parallèle une gamme de pâte à tartiner. Cela n’a certes rien à voir avec l’impression 3D, mais nous estimons opportun de se diversifier et de faire connaître notre goût à travers un produit au prix abordable pour ceux qui ne nous feraient pas encore confiance. Cette diversification nous permettra par ailleurs d’avoir des entrées d’argent plus rapidement, ce qui est une nécessité pour nous aujourd’hui.
Enfin, nous souhaitons ouvrir une boutique en propre d’ici début 2018 ou 2019, en fonction de notre développement. Pour cela, nous comptons faire appel à des Business Angels.
Quel a été le plus difficile dans cette aventure entrepreneuriale ?
Le plus difficile a été l’appréhension et la compréhension des aspects techniques de notre business qui nous a demandé énormément de recherches. Cela nous a pris facilement 4 mois pour bien appréhender la technologie et les contraintes à la fois de l’impression 3D et du chocolat.
Par ailleurs, l’une des principales difficultés selon moi, est de trouver les bonnes personnes au bon moment. Et il est très important, au sein d’une équipe d’associés, que chacun ait des compétences clés pour le business envisagé et que ces compétences soient complémentaires.
Quels conseils donnerais-tu à nos futurs entrepreneurs ?
1. Savoir bien s’entourer et prendre le temps de choisir les bonnes personnes avec qui créer sa société. La première cause
d’échec des start-up est due aux distorsions entre associés… Le choix des associés est aussi important que l’idée en elle-même
2. Bien choisir sa forme juridique
3. Prendre son temps dans le choix des partenaires, benchmarker avant de s’engager avec qui que ce soit, se renseigner sur la
société/personne et être dur en affaire
4. Si le business envisagé requiert des machines, ne pas hésiter à les tester avant achat
5. Etre un peu fou, ou du moins ne pas avoir peur de l’échec et savoir en tirer les leçons si nécessaire

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