La Petite Orange, distributeur automatique de jus d'orange frais
- Myriam Rachid
- 4 mars 2017
- 5 min de lecture

Au tour de Jonathan et Jeremy de nous parler de leur entreprise. C’est en se perdant dans les rues de Suzhou, en Chine, que ces deux frères, respectivement âgés de 27 et 24 ans, font une découverte : un distributeur automatique qui presse des oranges pour vous offrir en quelques secondes un jus d’orange 100% pur jus, frais et naturel. Conquis, ils décident d’importer le concept en France afin de le faire connaitre au plus grand nombre.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer La Petite Orange ?
Nous avons toujours voulu créer notre société mais on attendait d’avoir l’idée qui ferait qu’on aurait envie de s’investir jours et nuits dans notre projet. Mon frère a fait des études de communication et moi de commerce, donc nos compétences sont plutôt complémentaires ce qui nous confortait dans notre envie de nous associer. C’est en 2015, lors d’un voyage en Chine, qu’on a eu une révélation en découvrant une machine dans la rue qui pressait des oranges et distribuait des jus d’oranges frais. On a adoré le concept et on a décidé de l’importer dans notre région, à Montpellier. La Petite Orange était née..
Quelles ont été les grandes étapes pour développer votre projet ?
Comme notre projet demandait un certain investissement financier, nous avons dû passer par un business plan pour présenter notre projet aux banques afin d’obtenir des financements. Ce fut la première étape, et pas des moindres. Nous avons été confronté à de nombreux refus de la part des banques, ce qui nous a poussé à revoir nos prétentions à la baisse : nous avons pris la décision de commencer avec 5 machines, au lieu de 10. Trouver un prêt bancaire nous a pris plusieurs mois et cela demande beaucoup d’énergie. Il faut s’accrocher, ne pas perdre espoir et aller jusqu’au bout de son projet. En février 2016, nous avons obtenu un prêt d’honneur d’une association d’entrepreneurs qui soutient les projets innovants et nous avons finalement décroché notre emprunt bancaire nous permettant de commencer notre activité. Il est important de considérer les autres aides financières qui s’offrent aux entrepreneurs car il en existe beaucoup en France. L’association « Réseau Initiative » est un très bon exemple. Une fois que nous avons obtenu notre prêt et que nous avions assez de capital pour commencer notre activité, nous avons contacté différentes usines pour la fabrication de la machine, puis les fournisseurs pour les oranges et les gobelets. Ce fut la 2ème grande étape. Ensuite, après avoir démarché un certain nombre d’entreprises, nous avons placé nos premières machines chez nos clients. Nous avons alors contacté la presse afin de faire parler de nous, ce qui nous a valu plusieurs articles dans des journaux régionaux et un reportage sur France 3. Grâce à cette apparition télévisée, certaines entreprises nous contactent directement et c’est très gratifiant, on est vraiment contents !
Quels conseils donnerais-tu pour décrocher ses premiers contrats ?
Premièrement, il faut savoir qu’auprès des CCI, tu peux obtenir des listes d’entreprises qui correspondent à ce que tu recherches. Cela coûte environ 30 euros mais ça fait une première base pour commencer à démarcher.
Deuxièmement, il faut toujours s’assurer que tu t’adresses à la bonne personne au téléphone avant de sortir ton speech, sinon tu perds ton temps et pire, tu risques de perdre un prospect bêtement.
Quand tu commences à démarcher, tu te rends vite compte que certaines entreprises sont très enthousiastes par ton produit et d’autres n’y voient aucun intérêt. C’est aussi comme ça que tu précises ta cible de prospects.

Quels ont été vos investissements ?
Nous avions un apport personnel de 25.000 euros, et nous avons emprunté au total 35.000 euros. Notre capital de 60.000 euros nous a permis d’acheter 5 machines pour lancer notre activité.
Le point le plus important est le BFR (Besoin en Fond de Roulement) : il faut s’assurer d’avoir assez de trésorerie pour financer ses premières transactions.
Quel est votre business model ?
Notre business model est très simple : pour les grandes entreprises, nous mettons gratuitement à disposition notre machine et pour les petites entreprises, la machine est en location. Ensuite, nous récupérons entre 90 et 100% du chiffre d’affaire généré par la machine.
Êtes-vous aujourd’hui capable de vous verser un salaire ?
Nous pourrions effectivement nous verser un petit salaire grâce aux ventes que nous avons réalisées. Mais nous avons choisi de ne pas le faire car nous souhaitons réinvestir afin de nous développer au plus vite. Le fait de ne pas se verser de salaire permet de générer de la trésorerie pour réinvestir.
Quel statut avez-vous choisi ?
Suite aux conseils d’un expert-comptable avec qui nous travaillons, nous avons opté pour une SARL. Cela signifie que nous sommes tous les deux au RSI et nous payons une cotisation annuelle. Il faut savoir que sur les deux premières années, même si ton entreprise ne génère pas de bénéfice, tu as un certain seuil à payer. Cela fonctionne sous forme de forfait et la 3ème année les coûts sont rééquilibrés en fonction de tes revenus, sachant que tu dois cotiser à hauteur de 45% du revenu.

Comment gérez-vous votre comptabilité ?
Quand tu as une SARL, tu es obligé d’avoir un expert-comptable. Nous nous occupons nous-même du calcul de la rentabilité, du chiffre d’affaire etc. Et notre expert-comptable s’occupe des bilans, des comptes de résultat et du paiement de la TVA et du RSI. Nous avons eu la chance de trouver un professionnel moins cher que ce qui se pratique : nos frais de comptabilité s’élèvent au total à 180 euros/mois.
Qu’est-ce que vous préférez dans l’entrepreneuriat depuis que vous avez commencé ?
La liberté de pouvoir bosser à son rythme et ne devoir rendre des comptes à aucun employeur. Et bien sûr la reconnaissance et le fait de voir son travail porter ses fruits. Quand tes clients te disent que ton produit est super, il n’y a rien de plus plaisant, et tu sais que t’es arrivé là tout seul. C’est hyper satisfaisant.
Avez-vous eu de grosses difficultés ?
Pas vraiment, à part la recherche du prêt bancaire au début. Enfin, quand tu crées ta société, c’est les montagnes russes, tu as des périodes où tout se passe bien et d’autres où les galères vont s’enchainer. Mais c’est aussi ce challenge qui nous stimule. Par contre, le point le plus pénible à gérer pour nous fut au niveau du droit et des assurances parce qu’on n’y connaissait vraiment rien.
Qu’est-ce que cette aventure vous a apporté ?
Du bonheur ! Ce n’est pas facile tous les jours mais tu apprends énormément sur toi, sur tes limites personnelles.

Des conseils pour ceux qui hésitent à se lancer ?
Si tu crois en ton projet, tente ta chance ! A notre âge, on a l’avantage de ne pas avoir beaucoup de charges fixes : pas d’enfant, pas de prêt immobilier, pas de famille à gérer (dans la plupart des cas). Il faut se dire que dans le pire des cas, tu ne risques pas grand chose. Il faut foncer et ne pas trop réfléchir aux risques parce que sinon tu ne te lances plus. Tu ne réalises pas au début tout ce que ça peut t’apporter.
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